La grande guerre pour la civilisation.

Bouquin de Robert Fisk, journaliste Anglais qui a suivi tous les grands conflits du moyen orient sur le terrain depuis 1970.
Pour ceux qui s'interessent à cette partie du monde mais qui ont du mal à comprendre comment on en est arrivé là ce bouquin est une perle, bourré de concret (à chaque page au moins 1 ou 2 référence bibliographique) assez critique envers les pays occidentaux mais ça ne sent absolument pas le discours partisan classique du "bouh les gros vilains noccidentaux qui vont embêter les gentils narabes".
Un exemple tout bête mais on comprend pourquoi l'intervention des ricains en irak 2003 était vouée à l'echec quand on apprend qu'en 92 au moment de quitter l'irak ils ont lancé des appels radios aux kurdes et chiites pour qu'ils renversent saddam en leur promettant du soutien qui n'est jamais venu...résultat? un pur massacre. Ajouté à ça un embargo de 7ans où même les brosses à dent étaient interdites à l'importation, la destruction des réseaux d'eaux potables qui ne pouvaient pas être reconstruits, un taux de leucémie 10 fois supérieur à la moyenne mondiale du à l'utilisation de bombe à uranium appauvri, des bombardements quotidiens entre 99 et 2001 sans que nos médias n'en fassent grand bruit...comment ce peuple pourrait nous accueillir à bras ouvert?

Est-ce qu'ils parlent dans ce livre des liens entre l'Irak et la France? Parce que certains médias avaient dit, au moment du début du conflit, que la position française n'était pas purement humaniste mais qu'au contraire, il y avait des deals entre l'Irak et la France par derrière l'embargo et que la France ne voulait pas céder ce monopole commercial caché.

Non c'est un bouquin sur les faits avant tout, il passe très peu de temps à faire des procès d'intentions et c'est ce qui m'a intéressé.
Je ne dis pas que le bouquin est neutre, il se place souvent du côté de l'agressé et on sent qu'il ne supporte plus la main mise que les armées occidentales veulent imposer aux médias alors qu'il a connu une époque où il pouvait aller presque partout mais je vois plus ce livre comme une réalité basée sur un vécu subjectif et non une réflexion globale comme pourrait le faire les filkienkraut et autres grands penseurs bien pompeux que l'on voit de temps en temps sur arte.
Le livre commence avec son interview en 96 de ben laden, il le revoit 2/3 ans plus tard et ben laden lui demande de lui ramener un maximum de journaux pour qu'il soit au courant des infos du monde extérieur, à l'époque il est déjà très affaibli par ces problèmes de reins, l'image du coordinateur dans un bunker surinformatisé avec un réseau hyper développé devient burlesque...