Stupeur et tremblements [Amélie Nothomb]

Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb.



L’histoire:
Au début des années 90, Amélie, une jeune femme belge, se fait embauchée dans une puissante compagnie d’import-export tokyoïte. Venue avec l’intention de faire carrière, elle découvre un univers mortifiant, régi par des règles tacites d’une grande subtilité : « l’entreprise nipponne ». Dans ce microcosme ultra hiérarchisé où individualisme et exercice sadique du pouvoir règnent en maîtres absolus, Amélie va multiplier les maladresses et les échecs professionnels. Soumise à la férocité de ses supérieurs, elle s’accroche à ses rêves, dans cette véritable descente aux enfers qui la rétrograde du poste d’interprète au simple rang de dame pipi du quarante quatrième étage…

Puisqu'il faut bien avoir un avis:
On doit à Beaumarchais le rire de protection : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ». Mais peut-on rire du malheur des autres ? Ma foi, oui, surtout lorsque la victime est la première à se jouer avec humour de sa situation tragique. Et cet humour, Amélie Nothomb le manie à merveille… Avec un ton sarcastique et désopilant, elle transforme sa course absurde vers les bas-fonds de l’entreprise en une satire impitoyable de son immersion pathogène dans la culture professionnelle nipponne. Avec une délectation quasi-sadique, on savoure la déchéance de l’auteur au point d’en oublier l’essentiel, « le choc des cultures ». Par le biais de l’entreprise fictive Yumimoto, Amélie Nothomb décortique une à une les règles qui, selon elle, régissent cette société obsédée par les codes d’honneur. Le titre, lui-même, est un énorme clin d’œil au protocole ancestral japonais selon lequel un sujet devait s’adresser à l’Empereur avec « stupeur et tremblements ». Récompensée pour ce livre par le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999, la jeune belge prouve que sa plume décapante et incorruptible peut séduire à la fois critique et grand public…